La naissance d’une envie photographique
Tout commence par l’envie. Cela peut paraître bête mais cette envie n’était pas systématique à mes débuts.
Dorénavant, je prends le temps de la réflexion avant d’aller m’aventurer en montagne. Je m’interroge sur les compositions que je souhaite travailler, sur les sommets, vallées, massifs qui m’inspirent et surtout je priorise mes envies et mes idées.
A partir de ce qu’on pourrait appeler une liste, je peux passer à l’aspect un peu technique du processus de création photographique.
Le repérage : connaître la montagne avant de la prendre en photo
Sans doute l’étape la plus négligée lors du début de ma pratique photographique. Or, il s’avère que le repérage correspond à une phase clef dans la réussite d’une belle photo de montagne.
J’ai longtemps eu tendance à ne pas anticiper mes sorties photos ou ne pas réfléchir dans le bon sens quant au travail de composition. Je ne dis pas qu’il faut à tout prix réfléchir et anticiper sa prise de vue avec un repérage préalable ; la spontanéité et le hasard offrent également de merveilleux moments en montagne.
Néanmoins, dans le cas d’une quête photographique précise, comme celle que j’opère sur des séries thématiques, le repérage apparaît indispensable. En effet, les envies et idées qui ont germées dans mon esprit me tracent une ligne directrice à suivre.
Ce repérage passe par une première phase « virtuelle » suivi d’une seconde, physique.
« Ne pas foncer tête baissée sur le terrain. »
Lorsqu’une idée a germé dans mon esprit, j’imagine quelle zone géographique pourrait être propice à sa réalisation. Celle zone peut être très large, un massif montagneux entier, comme très précise tel qu’un col ou sommet particulier.
C’est à partir de ce moment-là que je « sors » mes cartes. On peut remercier les créateurs des cartes IGN au 1/25 000 ainsi que le formidable outil qu’est Google Maps (ou équivalent) avec ses vues satellites. Je navigue dans ces cartes un long moment afin d’imaginer le spot parfait pour prendre mes photos.
Carte IGN au 1/25000
Votre meilleur allié en randonnée photo.
Je m’appuie également sur d’autres outils pour appréhender au mieux le terrain :
- Photo Ephemeris qui permet de connaître la course du soleil en l’affichant directement sur un fond de carte avec ses phases précises et les directions des rayons.
- Peak Finder : formidable application pour découvrir les sommets environnants et également savoir à quelle heure le soleil fera son apparition
- Recherche globale sur internet à travers notamment des forums de montagne.
Enfin je m’aide des connaissances du terrain que j’ai acquises au fil de mes péripéties en montagne. Sans oublier mon instinct.
« Analyser de ses propres yeux. »
Le montagne est un milieu très complexe. Une analyse virtuelle du terrain est une grande aide mais découvrir par ses propres yeux l’est encore plus. C’est pourquoi j’ai souvent tendance à venir explorer des coins que j’ai préalablement repéré virtuellement. Je confirme alors, ou infirme, mes spots repérés sur mes cartes.
Ce repérage physiquement est d’ailleurs souvent « forcé ». Comme je l’expliquais plus haut, je reviens souvent bredouille de mes sorties en montagne. Mais j’en garde du positif – sans parler bien sûr de la randonnée en elle-même – avec ce repérage.
Trouver le jour J !
Concilier son agenda personnel aux contraintes inhérentes aux photos en montagne est une réelle difficulté. En effet, pour réussir une belle photo comme je l’ai imaginé, je dois prendre en compte :
- Les conditions météorologiques : présence de nuages, vent, neige fraîche, température, risque d’éboulement, risque d’avalanche, etc…
- La saisonnalité selon le type de photo que je souhaite réaliser
- L’état de la nature : état de fleuraison, neige fraîche ou au contraire plus du tout de neige, couleurs des feuillages à l’automne, cascade alimentée ou sèche, niveau d’eau d’un lac, présence de faune protégée ou de troupeaux, etc…
- Les conditions d’accès au spot : col fermé, hauteur de neige, temps nécessaire, difficultés techniques
Essayer de trouver un moment où l’ensemble de ses contraintes sont respectées fait de cette étape la plus difficile de toute à mon sens.
Cette analyse est à nuancer en fonction des lieux ciblés : il y aura évidemment beaucoup moins de contraintes sur une photo à 1000 m d’altitude sur un plateau montagneux au printemps qu’une photo à plus de 2500 m d’altitude en plein hiver avec de la neige fraîche !
Le maître mot est l’anticipation. Il est nécessaire d’anticiper ses sorties en s’adaptant aux conditions du moment et en adaptant la technicité requise.
L’ensemble des contraintes évoquées rend la tâche difficile et parfois frustrante. Nombre de fois où j’aimerais être en montagne à prendre des photos mais que les conditions ne sont pas réunies !
Maitriser la technique de son appareil photo
Quel matériel utiliser et quels réglages associer ? Sans doute la question la plus posée – notamment par les photographes novices – mais qui finalement n’est pas essentielle selon moi. En effet, on accorde trop d’importance au matériel et à l’optimisation des réglages.
Oui c’est important pour obtenir une photographie techniquement réussie mais ça reste un détail parmi tout le processus de création. Vous pourrez avoir un réglage technique parfait, mais si vous ne menez pas la réflexion détaillée dans les paragraphes précédents votre cliché ne sera sans doute pas réussi.
J’ai bien sûr accordé de l’importance au matériel photo que j’utilise – notamment en raison des tirages très grands formats que je propose – et je peux être de bon conseil si besoin mais je ne passe pas tout mon temps sur ce sujet. Idem pour les réglages. J’essaye de maîtriser au mieux ces derniers mais je prête une attention forte à mon environnement et à la réflexion globale sur ma création.
Si vous souhaitez en savoir davantage sur le matériel que j’utilise, je vous invite à découvrir ma page dédiée à ce sujet. Enfin, sachez que je propose des stages personnalisés pour découvrir le processus global de création photographique (envie + repérage + technique + traitement). Contactez-moi pour en savoir plus.
Trier et post-traiter les plus belles photos
Faire de belles photos de montagne passe pas le traitement numérique de ces dernières. Je vais volontairement mettre les pieds dans le plat, en clin d’œil à tous les détracteurs du traitement/retouche des photos.
Évidement qu’on peut faire tout et n’importe quoi sur un logiciel de traitement photo en modifiant la photo de base très loin de la réalité.
Mais d’une part, il n’a jamais été dit qu’une photo (qui plus est « d’art » ) devait refléter la réalité. Alors si un photographe souhaite donner sa propre vision artistique à une photo en la retouchant massivement, libre à lui, tant qu’il assume son travail de création. Après tout chacun ses goûts, même si pour ma part, je ne partage pas forcément ceux-ci.
Et d’autre part, une « photo de base » (j’entends le format brut RAW) n’est justement pas le reflet de la réalité. Il s’agit, comme son nom l’indique, d’une photo « brute » sur laquelle beaucoup d’informations sont présentes mais pas représentées de la « bonne manière » (i.e comme l’œil humain pourrait le voir). Car vous ne le savez peut-être pas mais aucun appareil photo – aussi haut de gamme soit-il – n’atteint les performances de l’œil humain.
Ainsi, les photos brutes prises doivent passer par le traitement numérique, également appelé post-traitement, pour obtenir le résultat final.
Dans mon cas, je fais en sorte que ce résultat final soit au plus proche de la réalité observée par mes yeux au moment de la prise de vue en montagne. Bien sûr, j’apporte une petite touche artistique avec ma vision de la création photographique. Cela peut passer sur l’ajout de gain, le renforcement des zones sombres ou claires pour diriger le regard mais ces modifications ne m’apparaissent pas dénaturer le paysage que j’avais en face de moi en réalité.
Partager ses créations photographiques
Est-ce que ma pratique de la photo de montagne serait la même si je ne partageais pas publiquement mes photos ? C’est une question que je me suis posée, dont je ne suis pas sûr de la réponse. Mais je pense que non.
La photographie de montagne c’est un moyen de partager ma vision et les émotions que je vis lors de ces sorties sur les sommets. C’est un véritable moyen d’expression qui me tient à cœur.
J’accorde également énormément d’importance aux échanges que je peux avoir avec ma « communauté » à travers les retours et bien-sûr les achats de tirages d’art qui m’apportent une satisfaction au travail que je produis.
Je remercie d’ailleurs l’ensemble des personnes qui me soutiennent – quelle que soit la façon – et qui m’encouragent dans mon travail, me fournissent de l’inspiration et me permettent de vivre partiellement de cette passion pour la photographie de montagne.
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